« Très jeune, je me suis orientée vers le dessin, et c’est à cette forme d’expression, que je suis restée attachée.
Pourquoi cet amour du dessin ? Parce que le dessin est un premier cri, un langage qui nous vient de la nuit des temps et se renouvelle constamment. Le non-dit y est tellement présent qu’il permet de “signifier” et de dépasser le “faire” ; de plus, en raison de son dépouillement, le dessin n’autorise pas l’artifice.
Bien évidemment, je ne suis pas une historienne de l’art et je ne le revendique aucunement. Toutefois ma formation initiale m’a très certainement aidée à “voir” la structure interne d’une œuvre dessinée, dont la découverte est toujours un enchantement : notamment comment le dessin “fonctionne” sur le papier, son support ; comment l’artiste a fait “circuler” la lumière et comment il a établi les masses, créé des rythmes sur cette surface, “brisé” ou doublé le trait, afin que la forme ne soit jamais “enfermée” et que les “passages” d’ombre et de lumière puissent se faire.
La “lecture” d’une œuvre, tout aussi complexe que l’analyse d’une partition musicale, elle permet d’en comprendre mieux la qualité intrinsèque. Elle est un des dénominateurs commun, qui permet de relier, hors du temps, certains artistes les uns aux autres. »
Marie Anne Poniatowski Krugier