« L’œil de Marie-Anne Poniatowska est avant tout architecte: il épouse attentivement les rythmes lumineux et leurs métamorphoses, il réfléchit chaque contraste, éprouve les équilibres jusqu’au point où les masses lui paraissent en place et ne plus peser. Cette approche d’un aplomb définitif est lente, difficile et, parfois – le contraire serait anormal – elle ne parvient pas à satisfaction. Mais, en fait, cette recherche assidue d’un juste milieu répond à une exigence inconsciente de la pupille qui a été nourrie depuis l’origine par toutes sortes d’exemples. Contempler et reconnaître les réussites des maîtres de la peinture universelle, voyager dans le grand livre de l’art, comme l’a fait très tôt Poniatowska, peut entraver le regard, et peser lourdement sur la main. L’artiste a donc été vite placée devant cet obstacle: à la fois satisfaire une exigence et savoir se détacher de celle-ci, dépasser les exemples qu’on s’est donné comme jalons et s’aventurer au-delà. Autrement dit, le dessin s’apparente ici à un patient ouvrage de Pénélope: faire et défaire sans cesse, et sans cesse recommencer, afin de retenir la figure lointaine ou absente; préparer sa venue tout en lui laissant la liberté d’apparaître quand bon lui semble, rêver de lier aux nuits succédées la trame d’autres espaces, inconnus, l’afflux de durées inépuisables. »
Florian Rodari
« C’est certainement grâce à ce métier, à ce sens de la forme et du style, que Marie Anne Poniatowska trouve les moyens de nous dire des choses si essentielles et si intimes. C’est cela qui lui permet, par delà les âges, de dialoguer avec ces artistes qui sont ses vrais contemporains, ceux-là même par qui le temps dans lequel ils vivent est leur propre temps. »
Bernard Blatter
Catalogue Musée Jenisch, Vevey, Marei-Anne Poniatowska, 2003